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C'est un savoir-faire millénaire remontant à l'époque romaine et probablement même
punique que les artisans tunisiens pratiquent toujours.
Elle est toujours produite dans une centaine d'ateliers la plupart de caractère artisanal
qu'il est possible de visiter en s'adressant à un marchand. Assiettes et plats de terres
sont utilisés quotidiennement dans les familles et nombre de maisons récentes sont décorées
de carreaux. |
Introduction de la poterie à Nabeul et son évolution au fil des temps.
C'est assez tardivement, au XVIème siècle, que Nabeul s'initia à l'art de la terre cuite.
Il semble que des potiers berbères de Guellala (à Djerba) attirés par la bonne qualité des
bancs d'argile du Cap Bon ainsi que par la richesse du sol et de la mer, y ont établi
leurs ateliers. Au XVIIème siècle des réfugiés andalous se sont installés à leur tour
faisant profiter l'industrie de la terre cuite des méthodes qui ont fait leur preuve
dans leur pays d'origine. |
La poterie à Nabeul |
Cette activité devient prospère d'autant plus que chacune des civilisations qui se succédèrent
en Tunisie apporta un élément de cette tradition.
La céramique punique
importé par les Phéniciens, elle a longtemps gardé une influence orientale.
Sobre dans ses couleurs, ce sont les engobes rouges qui dominent, rehaussés d'un décor
peint fait de lignes et de bandes. L'objet le plus caractéristique en est la lampe à huile
qui ressemble à un coquillage avec ses deux becs pincés. Mais très tôt, les Puniques ont
importé des oenochoés et des amphores de Corinthe, des coupes de bucchro d'Etuties, et de
la vaisselle de Grande-Grèce.
La céramique romaine et byzantine
là encore, la lampe à huile est l'objet symbole. Dans un premier temps, elle est importée
d'Italie puis réalisée sur place. Elle diffère de la lampe punique par son anse et son bec
unique. Elle est souvent richement ornée de scènes mythologiques ou de représentations humaines
et végétales. Au V ème siècle, après les invasions vandales, apparaît une nouvelle forme
de lampe qui caractérise la période byzantine : ronde, elle porte un réservoir terminé par un
goulot et deux anses de chaque côté. Son ornementation se simplifie : elle de décor de
sigillées. Les amphores, qui servent à exporté l'huile d'olive et le vin,fabriquées
localement en grande quantité à partir du IV ème Siècle. Elles sont pourvues de deux
anses symétriques et d'un col étroit fermé par un bouchon de liège ; leur pied est en pointe. Les premiers carreaux de terre cuite furent les carreaux chrétiens décorés en relief. Carrés. Ils s'adaptent les uns aux autres pour former des assemblages permettant la décoration de grandes surfaces. Ils portent souvent des motifs peints d'animaux ou de symboles
chrétiens.
La céramique musulmane
Avec la conquête musulmane, la céramique tunisienne s'épanouit et atteint une grande
finesse, sous l'influence d'artiste venue de Bagdad. Le plus bel exemple en est la mosquée
de Kairouan et son mihrab au décor de carreaux polychromes. A la même époque, les artisans
mettent au point dans la ville aujourd'hui disparue de Rakada, non loin de Kairouan,
le jaune encore présent dans les poteries de Nabeul.
Lorsque Tunis devient, à la fin de XII ème siècle, le siège su pouvoir politique,
les échanges commerciaux s'intensifient avec le reste du monde méditerranéen et des
influences artistiques se font sentir dans la céramique : utilisation du brin et du bleu
cobalt dans les décors peints sur les carreaux et les poteries. Il ne faut pas négliger
le mélange des influences : turques avec la domination ottomane, andalouse avec les Maures
chassés d'Espagne, et italienne par la proximité des deux contrées.
La céramique moderne
durant le protectorat français, le gouvernement encourage le renouveau des techniques
traditionnelles. Un maître potier de Tunis, Jacob Chemla, fixe le bleu cobalt en 1910.
Des entreprises françaises et des artisans tunisiens développent une production nabeulienne
digne de la grande période musulmane, tant pour la variété de ses couleurs que pour la
finesse de ses motifs. Presque tourtes les poteries vendues à travers la Tunisie vienne de
cette ville balnéaire où l'argile est extrêmement fine. Cette poterie vernissée (motli)
au plomb de couleur verte ou jaune est toujours transparente et laisse apparaître des motifs
dessinés à l'oxyde de manganèse; plusieurs ateliers produisent également de la poterie
poreuse (chawat). Malheureusement la qualité du graphisme ne suit pas toujours.
Sous l'influence d'artistes européens venus en Tunisie dans les années 1950, des décors
portent la marque d'un art résolument moderne.
Comment se présente cette activité aujourd'hui
Aujourd'hui, Nabeul améliore ses techniques
et diversifie sa production. Les artisans font preuve d'un sens
de la création qui n'a d'égal que leur volonté de rester fidèles
au terroir. Vases, coupes et vasques surgissent d'entre doigts
et décorent de plus en plus les intérieurs et les jardins, ainsi
que les halls des administrations et des hôtels. A Nabeul sont
fabriqués tous les genres de poteries : Poterie poreuse non
vernissée, pour le rafraîchissement de l'eau et la conservation
des aliments; poterie culinaire rouge, originaire d'Italie;
céramique vernissée, utilitaire ou décorative. A l'inverse de
la céramique vernissée, la céramique émaillée nécessite deux
cuissons, décor et vernis étant appliqués sur l'objet précuit.
Malgré l'amélioration des techniques certains artisans maintiennent
la tradition et continuent à travailler avec un four chauffé au bois. |
Un petit tour de magie !!!
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Les objets fabriques dans les nombreux ateliers de potiers sont vendus dans
divers magasins de la rue principale; là se trouve le centre d'artisanat
où sont exposés les produits anciens et modernes de l'artisanat.
Citons quelques poteries les plus réputées à
Nabeul :
KARRAZ : Trois siècles de tradition céramique
La famille Kharraz, originaire d'Andalousie ''Murcia'' en Espagne, émigra
en Tunisie au début du 17e siècle, choisit Nabeul pour
les gisements d'argile et son emplacement géographique idéal.
Les Kharraz ou Al Karrazaz qui signifie ''gargoulette'' en langue
espagnole, étaient déjà maîtres d'une corporation
importante de potiers dans la péninsule ibérique,transférèrent
leur savoir et leur tradition dans la céramique artistique
jusque là inconnue dans les pays, les zlizes des "Maalems"
Kharraz ont orné et revêtu la plupart des mosquées
et des palais de Tunisie, d'Algérie et de Libye.
Plusieurs générations se sont succédés les unes après
les autres, ont su garder vivant cet art.
36 diplômes et distinctions mondiales ont honoré la famille de ces potiers.
Hassen Kharraz, successeur, céramiste de naissance et ingénieur
de formation, a participé à faire évoluer la technologie pour hisser
la Tunisie parmi les pays les plus avancés dans le noble Art de la céramique.
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